Imaginez un film qui vous attrape par la nuque, vous plonge dans une fresque intime et historique, et vous laisse songeur bien après le générique. “The Brutalist” de Brady Corbet est de cette trempe. Un long-métrage de 3h35 qui dépasse le simple biopic pour devenir une expérience sensorielle, un voyage dans l’architecture, la survie et le rêve américain.
Un casting taillé dans le marbre
Difficile de rêver mieux. Adrien Brody incarne Laszlo Toth, un architecte juif hongrois rescapé de l’Holocauste, qui tente de se reconstruire en Amérique. Un rôle en or pour l’acteur qui livre une prestation à la fois sobre et puissante.
Felicity Jones, dans le rôle d’Erzsebét, sa femme, insuffle une énergie déterminée et lumineuse à son personnage, tandis que Guy Pearce campe un magnat du bâtiment aussi fascinant que trouble. Il incarne ce rêve américain aussi attirant que dévorant, une thématique au cœur du film.
Une mise en scène monumentale
Brady Corbet n’est pas un cinéaste comme les autres. Déjà remarqué avec L’Enfance d’un Chef et Vox Lux, il pousse ici son style au sommet.
Son choix de tourner en 70 mm VistaVision donne une ampleur rare aux images. Chaque plan devient un tableau, capturant la grandeur de l’architecture brutaliste et les émotions à fleur de peau de ses personnages.
Le VistaVision, délaissé depuis les années 60, redonne ici ses lettres de noblesse à un cinéma qui prend le temps, qui joue avec la perspective et la matière. Une claque visuelle.
Une structure narrative en blocs massifs
Brady Corbet construit son film comme un architecte. Quatre chapitres, quatre strates qui racontent la montée, la chute et la résilience de Laszlo Toth.
Ce n’est pas juste un récit biographique, c’est une méditation sur le temps, l’identité et la xénophobie. Le film flirte avec le drame, la romance et le surréalisme, offrant des instants contemplatifs où l’architecture parle autant que les dialogues.
Les bâtiments de Laszlo sont plus que des constructions : ce sont des symboles de survie, des traces matérielles d’une histoire que l’on voudrait parfois oublier.
Un miroir de l’Amérique
“The Brutalist” est un film politique sans en avoir l’air.
Il dénonce avec finesse la contradiction d’un pays qui se construit sur le talent des immigrés tout en leur mettant des bâtons dans les roues. Laszlo, comme tant d’autres, apporte son génie à l’Amérique, mais doit se battre pour être reconnu.
L’architecture brutaliste, souvent critiquée pour sa froideur, devient ici un métaphore de la résilience. Massif, indéformable, rejeté par certains, admiré par d’autres. Comme Laszlo.
Un film ambitieux, un budget modeste
Difficile d’imaginer que cette fresque ait été réalisée avec seulement 10 millions de dollars et en 33 jours.
Une prouesse, à contre-courant des blockbusters à gros budget. Corbet prouve que le cinéma d’auteur peut encore être spectaculaire sans tomber dans les compromis commerciaux.
Un triomphe critique
Depuis sa première à Venise, The Brutalist rafle les récompenses :
- Trois Golden Globes, dont Meilleur film dramatique et Meilleure réalisation.
- 10 nominations aux Oscars, rien que ça.
La presse et le public saluent une œuvre à la fois grandiose et intime, qui touche par sa sincérité et son ambition.