Il y a des films qui vous donnent des sueurs froides rien qu’en regardant l’affiche. Et puis il y a ceux qui vous arrachent littéralement le souffle. Les films de montagne font partie de cette catégorie rare : un décor naturel qui écrase les personnages, des falaises hostiles, des cordes qui craquent, et cette sensation de danger permanent qui vous rappelle que la gravité n’est pas un concept théorique.
À l’occasion de la ressortie de quelques classiques et du retour du cinéma d’aventure en altitude, voilà un panorama complice des dix films de montagne qui continuent, même des années plus tard, à nous faire trembler. Dix œuvres où la roche est un personnage à part entière, où l’homme défie la nature et y laisse parfois plus que quelques litres d’adrénaline.
1. Cliffhanger (1993), Renny Harlin
Impossible de parler de cinéma montagnard sans évoquer ce monument. Cliffhanger, c’est Sylvester Stallone suspendu à une paroi à mains nues, un scénario taillé pour les sensations fortes et des scènes d’action qui, trente ans plus tard, conservent un impact spectaculaire. Le film ne réinvente rien, mais il offre un pur concentré de tension, d’acrobaties impossibles et de paysages vertigineux qui restent gravés dans la rétine. Un classique, dans le sens le plus noble du terme.
2. K2 (1991), Franc Roddam
Souvent oublié, rarement égalé. K2 entraîne le spectateur dans l’ombre de l’une des montagnes les plus dangereuses du monde. Partagé entre réalisme d’expédition et souffle hollywoodien, le film capture avec justesse les doutes, la camaraderie, l’ivresse du sommet et la brutalité du vide. Michael Biehn y porte un récit où chaque tentative d’ascension devient une lutte contre soi-même autant que contre la montagne. Ajoutez une musique de Hans Zimmer et vous obtenez une pépite à redécouvrir.
3. Premier de cordée (1943), Louis Daquin
Adapté du roman mythique de Roger Frison-Roche, ce film français demeure un pilier du cinéma d’aventure en altitude. Une fresque un peu naïve aujourd’hui, mais d’une sincérité désarmante, et portée par des images saisissantes du Mont-Blanc. Le film exalte la bravoure, la tradition et cette relation presque sacrée que les guides entretiennent avec la montagne. Un jalon historique.
4. La Mort aux trousses — le final au Mont Rushmore (1958), Alfred Hitchcock
Hitchcock n’avait pas besoin de montagnes pour créer du vertige. Pourtant, le final de La Mort aux trousses reste l’une des séquences les plus iconiques du cinéma : Cary Grant, Eva Marie Saint et une poursuite où chaque prise manque de lâcher. Ce n’est pas qu’un décor spectaculaire ; c’est une leçon de tension, que beaucoup de films d’aventure tenteront de reproduire ensuite. Le suspense à l’état pur.
5. Vertical Limit (2000), Martin Campbell
Le vilain petit canard du genre. Et pourtant, difficile de nier son plaisir coupable. Le film accumule les clichés, mais il assume son spectacle total : explosions en altitude, sauvetages impossibles, personnages bigger than life… Campbell signe un divertissement généreux même si bancal, porté par un casting attachant. Pas un chef-d’œuvre, mais un morceau d’aventure pop qui se regarde sans bouder son plaisir.
6. Randonnée pour un tueur (1988), Roger Spottiswoode
Un thriller eighties pur jus, avec Sidney Poitier dans l’un de ses derniers grands rôles. L’intrigue n’a rien de révolutionnaire, mais le duo hommes-montagne fonctionne redoutablement bien. Entre poursuites en altitude, escalades tendues et affrontement psychologique, le film propose une tension constante, un peu datée mais follement attachante.
7. Les Proies (2007), Gonzalo López-Gallego
Un survival montagnard qui commence fort : la forêt, la nature sauvage, la traque, les pièges… Tout y est. Le film repose beaucoup sur un twist final discutable, mais demeure une expérience brute, nerveuse, sans concessions. L’occasion de rappeler que la montagne n’est pas seulement un décor, mais un espace où l’homme perd rapidement ses repères et ses certitudes.
8. La Mort suspendue (2003), Kevin Macdonald
Sans doute l’un des films les plus bouleversants de cette liste. Inspiré d’une histoire vraie inimaginable, Touching the Voidmêle documentaire et reconstitution avec une précision dévastatrice. La lutte pour la survie, l’abandon, la douleur, la montagne qui ne pardonne rien : Macdonald filme l’extrême fragilité de l’humain face à l’immensité. Pas besoin de méchant ni d’effets grandiloquents : la nature, ici, est l’adversaire ultime.
9. La Sanction (1975), Clint Eastwood
Film mineur dans la carrière d’Eastwood, mais incontournable pour les passionnés d’alpinisme. Le final, tourné en Suisse, reste aujourd’hui un exemple absolu de réalisme en haute montagne. Eastwood a tenu à faire ses propres cascades, ce qui donne au film une densité physique impressionnante. Le tournage fut d’ailleurs marqué par la mort d’un cascadeur : une preuve de plus que ces scènes n’étaient pas des illusions de cinéma.
10. Les films de montagne avec Leni Riefenstahl (1926–1930)
Avant d’être associée à la propagande nazie, Leni Riefenstahl fut une actrice incroyable, symbole d’un cinéma de montagne brut et authentique.
Dans La Montagne sacrée, L’Enfer blanc du Piz Palu et Tempête sur le Mont Blanc, elle évolue dans un cinéma où les acteurs faisaient leurs propres cascades, parfois au mépris du danger. Parmi ces œuvres, L’Enfer blanc du Piz Palu, co-réalisé avec Pabst, demeure le plus fascinant : un mélodrame porté par des séquences alpines d’une modernité étonnante.
Si vous aimez les sommets glacés, les cordes tendues, les pas hésitants au bord du vide et les drames humains sculptés par la montagne, cette sélection est un terrain de jeu idéal. Dix films, dix visions de la hauteur, dix manières de raconter ce moment où l’homme se mesure à l’infini minéral. À (re)voir, de préférence avec les mains moites.


