maginez une bombe blonde en pleine panique, jetée dans un monde brutal et inconnu. Une femme comme Scarlett Johansson, avec ses yeux grands ouverts, encore naïfs, encore humains. Imaginez-la enchaînée, paniquée, enfermée quelque part à Taïwan par une bande de gangsters coréens en costards sombres, qui transpirent autant qu’ils hurlent. Puis, imaginez la même femme se transformant — lentement, puis d’un seul coup — en une déesse glaciale capable de stopper le temps d’un regard. Voilà Lucy. Et on ne sait pas très bien si c’est un délire de fin de soirée ou une expérience de cinéma totale. Peut-être un peu les deux.
Une mule ordinaire, jusqu’à l’explosion
Lucy est une Américaine un peu paumée à Taïwan. Pas une espionne, pas une héroïne, juste une jeune femme embarquée dans une sale histoire. Elle transporte, contre son gré, une drogue synthétique expérimentale cousue dans son ventre. Et bien sûr, cette drogue finit par se répandre dans son organisme après un tabassage qui vous donne des frissons.
C’est là que tout bascule. Son corps change. Son esprit explose. Lucy devient autre. Plus rapide, plus forte, plus intelligente. Trop, même. Scarlett Johansson passe du statut de victime tremblante à celui de prédatrice cosmique, en moins de deux.
Une héroïne aux super-pouvoirs… et sans limites
À mesure que la drogue fait son effet, Lucy perd ce qui faisait d’elle une humaine : l’émotion, l’hésitation, la peur. Ce n’est plus elle qui fuit, ce sont les autres qui devraient courir. Elle devient une sorte de Terminator en talons, une créature de science-fiction à la voix monocorde, qui incline la tête en observant ses cibles comme un chat curieux face à une souris.
Le plus troublant ? Ce n’est pas tant sa transformation physique que la manière dont Scarlett Johansson habite ce changement. Son regard, sa posture, sa voix : tout dans son jeu est millimétré. Elle ne surjoue jamais. Elle glisse. Elle mute. C’est fascinant et dérangeant à la fois.
Science, fusillades et trip métaphysique
Dès qu’elle change, le film prend feu. Luc Besson embrasse tous les genres d’un seul coup : film d’action, thriller de vengeance, science-fiction cosmique, drame philosophique. Il saupoudre le tout de monologues sur la capacité cérébrale humaine, le temps comme seule mesure valable, et nous balance en parallèle des images de prédateurs chassant dans la savane ou de cellules se divisant à l’infini.
Et puis, il y a Morgan Freeman. Inévitablement. Il incarne un scientifique à la voix grave, observateur émerveillé de la mutation de Lucy. À ses côtés, un flic parisien (Amr Waked) tente de suivre ce qu’il se passe. Mais soyons honnête : personne ne suit Lucy. Elle est déjà trop loin.
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Dvd LucyJohansson, Scarlett (Acteur), Freeman, Morgan (Acteur), Besson, Luc (Réalisateur) Classé: Tous publics Format : DVD8,01 €
Tout est cliché. Et pourtant, tout est vivant.
Vous avez déjà vu ce film, sous mille formes différentes. Matrix, Akira, Under the Skin, Le Cinquième Élément… Le scénario recycle tout ce qu’il peut. Mais l’énergie folle du montage, les effets visuels audacieux et l’intelligence de mise en scène font de Lucy une sorte de Frankenstein lumineux, bizarrement cohérent.
Et puis, il y a cette scène. Cette scène téléphonique à sa mère. Lucy, déjà métamorphosée, sent qu’elle touche à quelque chose d’irréversible. Elle l’appelle, en larmes contenues. Elle dit : « Je me souviens du goût de ton lait dans ma bouche… des mille baisers sur mon visage. » Un dialogue improbable, bouleversant, d’un kitsch absolu mais miraculeusement touchant. C’est le moment de grâce du film.
Un message qui s’efface derrière les balles
On sent que Besson veut dire quelque chose. Sur l’évolution, sur le temps, sur l’humanité. Mais à chaque fois qu’il s’en approche, il préfère nous offrir une cascade de voitures ou une rafale de balles. Et ça fonctionne — jusqu’à un certain point.
Lucy, c’est un feu d’artifice. Ça explose dans tous les sens. C’est souvent absurde, parfois grandiose, rarement ennuyeux. Ça dure 1h30, mais ça semble condensé comme un rêve sous caféine.
Tableau : ce qui fait de Lucy un OVNI
Élément | Détails |
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Genre principal | Thriller de science-fiction |
Actrice principale | Scarlett Johansson |
Réalisateur | Luc Besson |
Durée | Environ 90 minutes |
Point fort | Transformation fulgurante du personnage |
Point faible | Messages philosophiques survolés |
Moment marquant | Appel à la mère – émotion pure |
Inspiration évidente | Matrix, Akira, Under the Skin |
Verdict complice 🧠💥
Lucy, c’est du Besson pur jus. Un délire mi-philosophique, mi-action, servi par une Scarlett magnétique. C’est rapide, souvent brillant, parfois grotesque. Mais vivant. Toujours. Et parfois, c’est tout ce qu’on demande à un film : de l’audace, du rythme, et un peu de folie.