Le succès phénoménal des récentes adaptations de classiques de la littérature française a visiblement donné des idées aux studios. Dans le sillage d’un Comte de Monte-Cristo plébiscité par le public et la critique, une rumeur de plus en plus insistante agite le milieu du cinéma : la mise en chantier d’une suite qui ne serait que la première pierre d’un édifice bien plus vaste. L’ambition affichée serait de créer un véritable univers partagé, un “Dumas-verse” à la française, capable de rivaliser avec les grandes sagas américaines. Une entreprise titanesque qui, si elle se concrétise, pourrait redéfinir les codes du cinéma populaire hexagonal en mêlant aventure historique et concepts audacieux.
Un projet ambitieux pour Pathé : une saga à la Marvel
La genèse d’un univers partagé
L’idée de construire une franchise cinématographique sur plusieurs films n’est pas nouvelle, mais son application au patrimoine littéraire français de cette manière est inédite. Le producteur derrière les récents succès des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo semble vouloir capitaliser sur cet engouement. Plutôt que de produire des films indépendants, l’objectif serait de les lier narrativement, créant une attente et une fidélité du public sur le long terme. C’est une stratégie industrielle qui a fait ses preuves outre-Atlantique et que le cinéma français semble enfin prêt à adopter pour ses propres héros.
Le modèle américain en ligne de mire
La référence est évidente : le modèle économique et narratif de l’univers cinématographique Marvel. Cette approche consiste à développer un monde cohérent où les personnages et les intrigues s’entrecroisent d’un film à l’autre. Le projet français s’inspirerait directement de cette méthode, avec des éléments clés qui ont fait le succès de la formule américaine :
- Des films centrés sur des personnages ou des groupes de personnages spécifiques.
- Des événements “crossover” majeurs réunissant les différents protagonistes.
- Une trame de fond se dévoilant progressivement au fil des productions.
- L’utilisation de scènes post-génériques pour annoncer les futures connexions.
Les chiffres qui justifient l’audace
Cette ambition n’est pas un simple fantasme de producteur, elle repose sur des résultats économiques solides qui prouvent l’appétence du public pour ce type de grand spectacle historique. Les derniers films du genre ont largement dominé le box-office français, rendant un investissement sur le long terme non seulement possible, mais aussi potentiellement très lucratif.
| Titre du film | Entrées en France (estimation) | Box-office en France (estimation) |
|---|---|---|
| Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan | 3,3 millions | 24 millions € |
| Les Trois Mousquetaires : Milady | 2,5 millions | 18 millions € |
| Le Comte de Monte-Cristo | Plus de 7 millions (en cours) | Plus de 50 millions € (en cours) |
Fort de ces succès, le projet d’étendre l’univers au-delà d’une simple suite semble donc économiquement viable. Mais pour y parvenir, il faudra savoir jongler avec le respect de l’œuvre originale et une dose d’innovation capable de surprendre le public.
L’œuvre de Dumas revisitée : entre tradition et innovation
Le respect du matériau d’origine
Le premier défi d’un tel projet est de ne pas trahir l’esprit d’Alexandre Dumas. Les adaptations récentes ont été saluées pour leur capacité à moderniser la forme tout en restant fidèles au fond : le souffle romanesque, la complexité des personnages et la richesse des intrigues. Pour que le public suive cette nouvelle saga, il est impératif de conserver cette qualité et ce respect du matériau source. Il ne s’agit pas de dénaturer les personnages, mais de leur offrir un nouveau terrain de jeu.
L’audace du mélange des genres
C’est ici que le projet prend un risque créatif majeur. L’idée serait d’introduire des éléments qui ne figurent pas dans les romans originaux, notamment des concepts flirtant avec le fantastique. En sortant du strict cadre du film de cape et d’épée historique, les scénaristes s’autoriseraient une liberté totale pour connecter des récits que plusieurs siècles séparent. C’est une proposition audacieuse qui pourrait soit transcender l’œuvre, soit aliéner les puristes.
Un “Dumas-verse” : quelles histoires intégrer ?
L’œuvre d’Alexandre Dumas est un vivier quasi inépuisable d’histoires et de personnages charismatiques. Si le lien entre Monte-Cristo et les mousquetaires est au cœur du projet, d’autres récits pourraient facilement être intégrés à cet univers étendu. On peut imaginer voir apparaître à l’écran :
- Les intrigues politiques et passionnelles de La Reine Margot.
- Les aventures des mousquetaires vieillissants dans Vingt ans après.
- Le mystérieux Cagliostro, héros de Joseph Balsamo.
Une telle entreprise créative, qui brise les codes du cinéma d’époque traditionnel, ne peut être confiée qu’à un cinéaste capable de manier à la fois le grand spectacle et une direction d’acteurs précise.
Un réalisateur populaire à la barre : un choix stratégique ?
Un cinéaste polyvalent et reconnu
Alors que les réalisateurs des précédents opus sont engagés sur d’autres projets, un nom circule avec insistance pour prendre les rênes de cette suite et, potentiellement, de l’univers partagé. Il s’agit d’un cinéaste français très populaire, connu pour sa capacité à naviguer entre différents genres, de la comédie à succès au drame intimiste en passant par le film à grand budget. Son profil semble cocher toutes les cases : il est apprécié du grand public, respecté par la profession et sait diriger des castings prestigieux.
L’expérience des grosses productions
Le choix de ce réalisateur ne serait pas anodin. Il a déjà prouvé sa capacité à gérer des projets d’envergure, avec des budgets conséquents, des effets spéciaux complexes et une logistique lourde. Cette expérience du blockbuster est une assurance pour le studio, qui cherche une personnalité capable de livrer un film spectaculaire tout en maîtrisant les coûts et les délais. Sa filmographie témoigne d’une ambition visuelle qui correspondrait parfaitement à l’ampleur du “Dumas-verse” envisagé.
Une vision d’auteur pour un projet de studio ?
La principale interrogation demeure : un réalisateur à la patte si reconnaissable pourra-t-il s’intégrer dans le cadre plus contraint d’une franchise, où la continuité et la cohérence globale priment parfois sur la vision d’un seul artiste ? L’équilibre entre la liberté créative du metteur en scène et les impératifs de la saga sera l’un des enjeux majeurs de la production. C’est un défi que beaucoup de cinéastes ont eu à relever à Hollywood, avec plus ou moins de succès.
Au-delà du choix du capitaine, c’est bien le cap fixé qui surprend le plus. L’idée centrale qui permettrait de lier toutes ces histoires est à la fois simple dans son principe et vertigineuse dans ses implications.
Le voyage dans le temps : l’idée révolutionnaire du Comte 2
Un artifice scénaristique audacieux
Selon les informations qui ont fuité, l’intrigue de la suite du Comte de Monte-Cristo reposerait sur un élément fantastique. Edmond Dantès découvrirait un artefact, possiblement une gemme aux propriétés extraordinaires, lui permettant de voyager à travers le temps. Cet artifice scénaristique est la clé de voûte de tout l’édifice. Il transforme instantanément le drame historique en une aventure de science-fiction, ouvrant la porte à des possibilités narratives infinies et justifiant la rencontre de personnages issus d’époques différentes.
Les implications narratives
Avec une telle capacité, Edmond Dantès ne serait plus seulement l’agent d’une vengeance personnelle, mais pourrait devenir un acteur majeur de l’Histoire, un gardien du temps ou un voyageur involontaire. Les conséquences pour l’univers de Dumas sont immenses :
- La possibilité pour les personnages de se rencontrer malgré les deux siècles qui les séparent.
- L’intervention de Dantès dans les événements relatés dans Les Trois Mousquetaires.
- La création potentielle de lignes temporelles alternatives et de paradoxes.
Un pari risqué pour le public
Introduire le voyage dans le temps dans l’univers réaliste et historique de Dumas est un véritable quitte ou double. Une partie du public, attachée à la fidélité de l’adaptation, pourrait rejeter en bloc cette proposition. Le succès de cette idée dépendra entièrement de l’intelligence de son exécution. Si le concept est amené de manière organique et sert une histoire forte, il pourrait être accepté. Dans le cas contraire, il pourrait être perçu comme une facilité scénaristique opportuniste.
Cette mécanique narrative a un objectif très clair : rendre possible la rencontre que tous les fans de Dumas ont un jour imaginée.
Quand Edmond Dantès rencontre les mousquetaires
Le crossover ultime de la littérature française
L’ambition finale de cet univers partagé est de mettre en scène la rencontre entre les deux plus grandes créations d’Alexandre Dumas : Edmond Dantès et les mousquetaires. C’est un événement cinématographique en puissance, la réunion de deux mythologies françaises. D’un côté, l’intelligence froide et la patience implacable du Comte de Monte-Cristo. De l’autre, la fougue, l’honneur et la camaraderie de d’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis. Le choc des époques et des personnalités promet d’être explosif.
Une scène post-générique en préparation ?
Pour officialiser ce crossover, le projet emprunterait une fois de plus les codes de Marvel. Une scène post-générique à la fin du Comte de Monte-Cristo 2 pourrait montrer Dantès, propulsé au XVIIe siècle, faisant face aux mousquetaires. L’idée d’un Edmond Dantès devenant une sorte de cinquième mousquetaire est même évoquée. Cette seule scène suffirait à lancer la saga et à créer une attente considérable pour le film réunissant tous les héros.
Dynamiques de personnages et conflits potentiels
La rencontre entre ces figures légendaires serait fascinante. Leurs motivations et leurs méthodes sont radicalement opposées, ce qui créerait une dynamique riche en conflits et en alliances inattendues.
| Protagonistes | Époque | Motivation principale | Style de combat |
|---|---|---|---|
| Edmond Dantès | XIXe siècle | La vengeance, la justice froide | Stratégie, manipulation, poison |
| Les Mousquetaires | XVIIe siècle | L’honneur, la loyauté, l’aventure | Duel à l’épée, panache, action directe |
Ce projet, par son ampleur et son audace, ne se contente pas de proposer une nouvelle franchise ; il pose une question fondamentale sur la place et l’ambition du cinéma français sur la scène internationale.
Quel avenir pour le cinéma français face à ce défi ?
La reconquête du grand spectacle
Ce “Dumas-verse” est une déclaration d’intention. Le cinéma français affirme sa capacité et sa volonté de produire des films de grand spectacle capables de rivaliser avec les blockbusters américains. En s’appuyant sur son propre patrimoine culturel et littéraire, il cherche à créer un imaginaire populaire puissant et à reconquérir un public parfois plus attiré par les productions hollywoodiennes. C’est une manière de prouver que l’Hexagone peut aussi être une terre de super-héros, fussent-ils en costumes d’époque.
Le risque de “marvelisation”
Face à cet enthousiasme, des voix critiques s’élèvent déjà contre ce qui est perçu comme une “marvelisation” du cinéma français. Le risque est celui d’une standardisation des récits, où la formule prendrait le pas sur l’originalité. En copiant le modèle américain, le cinéma français ne risquerait-il pas de perdre une partie de son âme, cette fameuse “exception culturelle” qui fait sa singularité ? Le débat entre ambition commerciale et intégrité artistique est plus que jamais ouvert.
Un nouveau souffle pour le patrimoine littéraire
Au-delà des considérations industrielles, un tel projet pourrait avoir une vertu inattendue : redonner le goût des classiques. En transformant les romans de Dumas en une saga épique et moderne, ces films pourraient inciter une nouvelle génération de spectateurs à ouvrir les livres. Ils découvriraient alors que le matériau d’origine est tout aussi, sinon plus, passionnant que son adaptation. Ce serait sans doute la plus belle victoire pour ce pari audacieux.
Le cinéma français se trouve à un tournant. En choisissant de bâtir un univers partagé autour de l’œuvre de Dumas, il fait un pari audacieux qui pourrait redéfinir son rapport au cinéma de grand divertissement. Le projet de lier Le Comte de Monte-Cristo et Les Trois Mousquetaires via le prisme du voyage dans le temps est une proposition radicale, portée par une ambition industrielle sans précédent dans l’Hexagone. Le succès ou l’échec de cette entreprise ne déterminera pas seulement l’avenir d’une franchise, mais pourrait bien indiquer la direction que prendra le cinéma populaire français pour les années à venir.

