À l’occasion de la sortie de Légendes Pokémon : arceus, il est opportun de se pencher sur l’héritage de la série principale. Établir un classement définitif des jeux Pokémon relève de la gageure, tant chaque opus possède ses propres adeptes et ses qualités intrinsèques. Cependant, cet exercice permet de mettre en lumière les forces et les faiblesses d’une franchise qui, malgré une formule souvent réitérée, a su se renouveler par touches successives. Certains titres se distinguent par leur audace, tandis que d’autres capitalisent sur une nostalgie puissante, créant un panthéon vidéoludique riche et débattu.
Lancement et évolution de la franchise Pokémon
L’histoire de Pokémon est celle d’un phénomène mondial qui a débuté avec des ambitions modestes mais des idées révolutionnaires pour son époque. Les premiers jeux ont posé des fondations si solides qu’elles soutiennent encore la structure de la série aujourd’hui, tandis que leur suite directe a su sublimer la formule pour atteindre des sommets rarement égalés par la suite.
Les débuts mythiques : Rouge, Bleu et Jaune
Les versions Pokémon Bleu et Rouge sont les pierres angulaires de la saga. Elles ont introduit un concept simple mais terriblement efficace : capturer, entraîner et faire combattre des créatures de poche. Malgré leur statut de mythe, ces jeux souffraient de nombreux déséquilibres, notamment la surpuissance du type Psy, et de graphismes rudimentaires. La version Jaune, capitalisant sur le succès de l’animé, a apporté des améliorations graphiques et la fonctionnalité iconique de Pikachu suivant le dresseur hors de sa Poké Ball. Ces titres, bien que dépassés techniquement, conservent une aura nostalgique inégalée et témoignent du génie de leur concept initial.
La première consécration : Or, Argent et Cristal
Considérée par beaucoup comme l’apogée de la série, la deuxième génération a corrigé la quasi-totalité des défauts de ses aînés. Or, Argent et Cristal ont enrichi le gameplay de manière spectaculaire avec des ajouts devenus des standards :
- L’introduction des types Acier et Ténèbres pour rééquilibrer le tableau des types.
- Le système de jour et de nuit, influençant l’apparition des Pokémon.
- La mécanique de la reproduction et des œufs.
- La possibilité de faire tenir des objets aux Pokémon.
Le coup de maître de ces versions reste cependant l’inclusion de la région de Kanto en post-ligue, offrant une durée de vie colossale et un sentiment d’accomplissement unique. C’est cette générosité et cette intelligence de conception qui placent cette génération au sommet du classement.
Après avoir exploré les origines et le premier sommet de la série, il est intéressant d’analyser comment la franchise a géré le délicat exercice du remake, une pratique qui a donné naissance à des titres acclamés comme à des déceptions notables.
Retours sur les remakes controversés
Le remake est un art difficile. Il doit moderniser une expérience sans en trahir l’esprit. Dans l’histoire de Pokémon, certains remakes ont été perçus comme des hommages paresseux ou des tentatives de simplification qui ont divisé la communauté des joueurs, se plaçant ainsi en bas de nombreux classements.
Perle Scintillante et Diamant Étincelant : une fidélité décevante
Les remakes de la quatrième génération, Perle Scintillante et Diamant Étincelant, sont sans doute les plus controversés. Leur parti pris d’une fidélité extrême aux jeux d’origine, sans intégrer les améliorations de la version Platine, a été largement critiqué. Le style graphique “chibi”, bien que charmant pour certains, a été perçu comme un manque d’ambition, surtout en comparaison de Légendes Pokémon : arceus, sorti peu de temps après. Ces versions manquent de contenu novateur et peinent à justifier leur existence au-delà de la simple préservation sur une console moderne.
Rouge Feu et Vert Feuille : un premier essai en demi-teinte
Premiers remakes de la série, Rouge Feu et Vert Feuille ont modernisé l’aventure à Kanto avec le moteur de la troisième génération. Ils ont apporté des améliorations bienvenues, comme les graphismes colorés de la Game Boy Advance et l’ajout des îles Sevii pour le post-game. Cependant, sortis après Rubis et Saphir, ils paraissaient moins riches en fonctionnalités et n’ont pas réussi à capturer pleinement la magie de l’innovation que représentait alors la région de Hoenn.
Let’s Go Evoli et Pikachu : une porte d’entrée simplifiée
Conçus pour attirer les joueurs de Pokémon GO, ces remakes de la version Jaune revisitent Kanto avec une approche radicalement simplifiée. Le système de capture, calqué sur le jeu mobile, et l’absence de combats contre les Pokémon sauvages ont dérouté les vétérans. Bien que visuellement réussis et accessibles, Let’s Go manque de profondeur et d’enjeu, se positionnant plus comme un spin-off de la série principale qu’un véritable nouvel opus.
Ces remakes, par leurs choix de conception, ont suscité des débats passionnés. Il convient maintenant de revenir aux générations originales qui, elles, n’hésitaient pas à bousculer les codes établis, pour le meilleur comme pour le pire.
Innovations et critiques des premières générations
Chaque nouvelle génération de Pokémon a la lourde tâche d’innover tout en conservant l’essence de la franchise. Les troisième et quatrième générations, marquant le passage sur Game Boy Advance puis sur Nintendo DS, ont introduit des changements majeurs qui ont durablement façonné le gameplay stratégique de la série.
La troisième génération : un nouveau souffle avec Rubis, Saphir et Émeraude
Avec Rubis et Saphir, la série a pris un nouveau départ. Une région inédite, Hoenn, 135 nouveaux Pokémon, et surtout des ajouts de gameplay fondamentaux comme les talents et les combats en duo. Ces versions, vibrantes et pleines de charme, ont posé les bases de la stratégie moderne. La version Émeraude est venue parfaire la formule en améliorant le scénario et en introduisant la Zone de Combat, un défi post-ligue légendaire qui reste l’un des contenus les plus appréciés des fans.
| Fonctionnalité | Rubis/Saphir | Émeraude |
|---|---|---|
| Scénario | Team Aqua ou Magma | Team Aqua et Magma |
| Animations des Pokémon | Statiques | Animés |
| Contenu post-ligue | Tour de Combat | Zone de Combat (7 arènes) |
La quatrième génération : la révolution stratégique de Diamant, Perle et Platine
L’arrivée sur Nintendo DS a permis une avancée technique majeure : la séparation des attaques en catégories Physique et Spéciale. Ce changement, attendu depuis longtemps, a redéfini la viabilité de centaines de Pokémon. Si Diamant et Perle sont souvent critiqués pour leur lenteur et un Pokédex régional limité, la version Platine a corrigé tous ces défauts. Plus rapide, plus riche en contenu avec le Monde Distorsion et un Pokédex élargi, Platine est la version définitive de la 4G et un des meilleurs jeux de la franchise.
Après ces générations fondatrices de l’ère moderne, la série a continué d’évoluer, notamment avec l’arrivée de la 3D et de nouvelles approches pour ses remakes, qui ont connu des fortunes diverses.
Popularité des remakes et nouveautés
À partir de la Nintendo 3DS, la franchise Pokémon a pleinement embrassé la 3D, offrant des mondes plus immersifs. Cette période a été marquée par des remakes très attendus et de nouvelles générations qui ont tenté de bousculer la formule traditionnelle, avec des résultats souvent appréciés mais parfois critiqués pour leur linéarité.
Les remakes 3DS : Rubis Oméga et Saphir Alpha
Contrairement aux remakes de la 4G, Rubis Oméga et Saphir Alpha ont été largement salués. Ils ont su moderniser Hoenn avec des graphismes éclatants, la Méga-Évolution et des fonctionnalités de confort bienvenues comme le Grand Envol. Leur principal point faible reste l’absence de la Zone de Combat d’Émeraude, remplacée par une Maison de Combat plus classique. L’épisode Delta, un chapitre post-ligue inédit, a cependant ajouté une conclusion narrative satisfaisante.
L’ère 3DS : entre tradition et expérimentation
Pokémon X et Y ont marqué le passage à la 3D. Ils ont introduit la région de Kalos, inspirée de la France, et la mécanique spectaculaire des Méga-Évolutions. Malgré ces atouts, ils sont souvent critiqués pour leur facilité déconcertante et un scénario jugé trop léger. Plus tard, Soleil et Lune ont proposé une rupture bienvenue avec la tradition en remplaçant les arènes par le Tour des Îles dans la région d’Alola. Cette approche a rafraîchi l’aventure, mais a été desservie par une linéarité excessive et des dialogues envahissants. Les versions Ultra-Soleil et Ultra-Lune ont amélioré l’expérience en ajoutant du contenu et un final plus épique.
Le grand saut sur Switch : Épée et Bouclier
Premiers opus principaux sur console de salon, Épée et Bouclier ont introduit les Terres Sauvages, une vaste zone ouverte explorable. Cette innovation, couplée au phénomène Dynamax, a offert un nouveau sentiment de liberté. Le jeu a cependant été au cœur de la controverse du “Dexit” (la suppression du Pokédex National) et a été critiqué pour sa progression très linéaire en dehors des Terres Sauvages. Les DLC, une première pour la série, ont considérablement enrichi l’expérience de jeu par la suite.
Alors que la série continue son chemin sur Switch, certains des titres les plus mémorables restent ceux qui ont osé prendre des risques narratifs ou qui ont su magnifier des formules déjà excellentes.
Légendes et classiques emblématiques
Au sommet du panthéon Pokémon se trouvent les jeux qui ont marqué les esprits par leur ambition, leur générosité ou leur perfectionnement d’une formule existante. Ces titres sont devenus des classiques non seulement pour leur qualité intrinsèque, mais aussi pour l’impact durable qu’ils ont eu sur la communauté des joueurs.
La cinquième génération : le pari audacieux de Noir et Blanc
Noir et Blanc représentent un cas unique dans la série. Game Freak a fait le pari audacieux de proposer un Pokédex régional composé exclusivement de 156 nouvelles créatures, forçant les joueurs à redécouvrir totalement l’univers. Surtout, ces versions se distinguent par leur scénario, le plus mature et le plus complexe de la franchise, questionnant la relation entre les humains et les Pokémon. Injustement critiqués à leur sortie pour le design de certains Pokémon, ces jeux sont aujourd’hui réévalués à leur juste valeur. Leurs suites directes, Noir 2 et Blanc 2, sont encore plus riches, ajoutant un contenu post-ligue gargantuesque avec le Pokémon World Tournament, qui permet d’affronter les anciens champions d’arène et maîtres de la ligue.
Le remake parfait : Or HeartGold et Argent SoulSilver
Si la deuxième génération est considérée comme l’apogée, ses remakes Or HeartGold et Argent SoulSilver sont souvent décrits comme la perfection. Ils reprennent la formule gagnante des originaux en y ajoutant toutes les améliorations de la quatrième génération, des graphismes somptueux et la fonctionnalité adorée du Pokémon qui suit son dresseur. Ces versions sont un véritable concentré du meilleur de Pokémon : deux régions à explorer, 16 badges à collectionner, un contenu dense et une célébration de l’héritage de la série. Ils incarnent l’équilibre parfait entre nostalgie et modernité.
| Aspect | Version originale (GBC) | Remake (DS) |
|---|---|---|
| Graphismes | 8-bit | Graphismes 2D améliorés de la 4G |
| Gameplay | Mécaniques de la 2G | Mécaniques de la 4G (Physique/Spécial) |
| Fonctionnalité clé | Aucune | Pokémon suiveur |
| Contenu ajouté | Aucun | Zone de Combat, événements spécifiques |
En parcourant cette longue liste de titres, des tendances claires se dessinent, permettant de comprendre ce qui fait un grand jeu Pokémon aux yeux des fans et des critiques.
Conclusion sur les meilleurs jeux de la série
Ce voyage à travers l’histoire de la franchise Pokémon révèle une constante : les jeux les plus appréciés sont ceux qui offrent une aventure riche, un contenu post-scénario conséquent et des innovations de gameplay significatives. Des titres comme Or, Argent et Cristal et leurs remakes, ainsi que les versions complémentaires comme Émeraude et Platine, se distinguent par leur générosité et leur capacité à sublimer une formule déjà solide. Le débat entre nostalgie et nouveauté restera éternel, mais il est clair que l’équilibre entre ces deux forces, combiné à une exécution soignée, est la clé du succès durable de la saga Pokémon.

