Le chanbara, on l’associe vite aux monuments des années 50-60… alors que le genre a continué à muter, à se mélanger à d’autres codes, à passer par l’animation, le remake, la relecture d’auteur, et même des retours très attendus en festival. Voici une sélection resserrée de 10 titres récents (dans l’esprit de ton article), parfaits si tu veux du sabre japonais sans forcément replonger dans les “grands classiques” noir et blanc.
1) Kubi (2023) — le chanbara “retour de flamme” version Kitano
Si tu aimes les films de sabre qui ne se contentent pas d’être héroïques, mais qui grattent aussi là où ça fait mal (pouvoir, violence, cynisme), celui-là a tout pour intriguer. Kitano ne fait jamais les choses “bien rangées” : même quand il filme une époque, il filme aussi une humeur.
Pourquoi ça vaut le coup :
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un vrai événement récent du genre
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un regard plus grinçant que romantique
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une mythologie samouraï bousculée plutôt que célébrée
2) Killing (2018) — une relecture sèche, étrange, pas confortable
Ici, pas de glamour. Plutôt une tension sourde, une sensation de lame qui reste dans son fourreau trop longtemps… et quand ça bouge, ça ne cherche pas à “faire joli”. C’est un film de sabre qui regarde l’attente, la peur, la violence comme une menace intime.
À attendre :
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une approche plus “auteur”
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un chanbara qui préfère la tension à la démonstration
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une violence traitée comme quelque chose de lourd, pas spectaculaire
3) Blade of the Immortal (2017) — Miike au sabre, entre tradition et dérapages
Takashi Miike, c’est rarement tiède. Quand il s’attaque au sabre, il peut être respectueux… puis injecter une brutalité très contemporaine, parfois excessive, mais jamais molle. L’adaptation a cette énergie-là : généreuse, frontale, parfois sale.
Pourquoi le garder :
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un gros morceau moderne du genre
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une mise en scène musclée
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un sabre plus brutal, plus physique
4) Harakiri (2011) — le remake “impossible” (et pourtant réel)
Refaire Harakiri, c’était marcher sur une mine. L’intérêt, même quand on préfère l’original, c’est de voir comment une œuvre culte peut être relue par une autre époque : rythme, regard, mise en scène, manière d’appuyer sur la cruauté sociale.
Ce que ça raconte :
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le chanbara n’est pas figé
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les mythes continuent d’être retravaillés
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une relecture peut éclairer autrement un thème déjà connu
5) 13 Assassins (2010) — la porte d’entrée moderne parfaite
Si tu ne devais en prendre qu’un, pour sentir le chanbara “live” version XXIe siècle, c’est probablement celui-là. Tout est clair : la mission, la menace, la montée en tension… et puis ce final qui devient une bataille longue, épuisante, incroyablement physique.
Pourquoi ça marche :
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construction lisible et efficace
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action spectaculaire mais compréhensible
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grand plaisir de genre, sans perdre la noirceur
6) Zatoichi (2003) — Kitano modernise un mythe sans le trahir
Zatoichi, c’est une légende au Japon. La version Kitano en fait un film accessible, stylisé, avec un sens du rythme très particulier : du calme, puis des éclats, puis de nouveau du calme. Et des combats filmés comme des fulgurances.
Pourquoi ça mérite une place ici :
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identité visuelle forte
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humour discret, violence sèche
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un équilibre rare entre style et narration
7) Après la pluie (1999) — le sabre en mode douceur et humanité
On a tendance à oublier que le film de sabre peut être tendre. Après la pluie te montre l’autre visage du genre : l’attente, la retenue, le choix moral plus que le coup de lame. Un film qui respire, qui observe.
Ce que ça apporte :
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une élégance calme
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un chanbara moins “muscle”, plus émotion
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une atmosphère de transition, de seuil
8) Ninja Scroll (1993) — l’animation qui transforme le sabre en furie visuelle
Là, on part sur du chanbara-fantasy très 90’s : sombre, excessif, parfois brutal, mais avec une action incroyablement inventive. L’animation permet des duels impossibles en live, et le film déroule des affrontements comme des défis visuels.
Pourquoi ça reste un jalon :
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combats créatifs et lisibles
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rythme nerveux
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esthétique marquante
9) Le Samouraï et le Shogun (1978) — quand le sabre devient affaire d’Histoire
Ici, on sort du duel pur pour entrer dans une ampleur politique : clans, pouvoir, stratégies, fin d’époque. Le sabre n’est plus seulement un outil “d’action”, il devient le prolongement d’un monde qui se durcit.
Ce que ça donne :
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une dimension historique plus large
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un goût de destin collectif
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un chanbara qui regarde le pouvoir en face
10) Lady Snowblood (1973) — vengeance stylisée, images iconiques, influence partout
On termine sur un film qui a laissé une empreinte esthétique énorme. La vengeance y est chorégraphiée, les images sont fortes, la violence est belle et triste à la fois. Un film qui se retient en plans, pas seulement en scènes.
Pourquoi il tient toujours :
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style visuel inoubliable
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tragédie + iconographie pop
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une héroïne devenue figure culte

