Et si l’automne n’était pas qu’une saison de feuilles mortes ?
Et si c’était aussi le moment où tombent les masques, où le passé refait surface, où les silences deviennent plus lourds que les mots ?
Avec Quand vient l’automne, François Ozon nous livre un drame familial doux-amer, sorti au cinéma le 2 octobre 2024.
Un film d’une heure quarante-deux, au rythme feutré mais aux émotions intenses.
Et surtout, un bijou porté par Hélène Vincent, Josiane Balasko et Ludivine Sagnier. Rien que ça.
🎬 Une histoire intime… mais profondément universelle
Une maison paisible. Une semaine de vacances. Et puis…
Michelle est à la retraite. Elle vit tranquillement dans un petit village de Bourgogne. Sa meilleure amie, Marie-Claude, est toujours là pour papoter, jardiner, ou boire un café au soleil.
À la Toussaint, sa fille Valérie lui confie son fils Lucas, pour les vacances.
Tout semble aller pour le mieux.
Mais quelque chose cloche. Un détail. Un souvenir. Un mot.
Et tout bascule.
Ozon, maître des non-dits
François Ozon, fidèle à sa façon de faire, ne dit pas tout. Il suggère. Il sème des indices. Il élude les scènes clés. Et c’est justement ça qui marche.
Petit à petit, un secret de famille enfoui refait surface. Et le passé que Michelle croyait derrière elle revient, plus menaçant que jamais.
Ici, pas de mélodrame criard. Mais une tension psychologique constante, alimentée par les regards, les silences, les soupirs.
Un drame, oui. Mais un drame feutré. Introspectif. Poignant.
👵 Des personnages vrais, puissants et profondément humains
Michelle : mamie gâteau ? Pas si simple.
Hélène Vincent incarne Michelle. Une grand-mère qui semble sans histoires. Et pourtant…
Sous sa douceur, il y a des fissures. Des souvenirs qui grattent. Des choix anciens qu’on n’a jamais vraiment digérés.
Elle est la gardienne d’un secret, et elle vacille. Entre protéger les siens… ou tout dire, quitte à tout briser.
Un personnage bouleversant, traité avec une finesse rare.
Marie-Claude : une amitié en clair-obscur
Josiane Balasko campe Marie-Claude, la voisine, la confidente, la présence rassurante.
Mais l’amitié a ses limites. Et ses zones d’ombre. Marie-Claude sait des choses. Elle tait des choses. Et elle nous fait nous interroger : jusqu’où peut-on taire pour protéger ?
Leur relation est l’un des plus beaux fils rouges du film.
Valérie et Lucas : les générations qui reçoivent l’héritage
Valérie (Ludivine Sagnier) ignore tout du passé de sa mère. Mais elle va vite comprendre que les apparences sont trompeuses.
Quant à Lucas, enfant observateur, il perçoit tout sans comprendre. Il est le témoin muet des tensions, le catalyseur du drame.
Une fresque familiale qui parle de transmission, de blessures cachées, d’héritage émotionnel.
🍂 La Bourgogne comme décor… et comme personnage
Un cadre somptueux, mais plein de tensions
Les vignobles, les collines dorées, les pierres blondes des maisons… Tout est magnifique. Mais tout pèse.
Le village devient presque un huis clos. Un cocon qui protège. Et qui enferme.
Car ici, tout le monde se connaît. Tout le monde devine. Et les secrets ne restent jamais longtemps enfouis.
L’automne comme symbole
Le choix de la saison n’est pas anodin.
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Les feuilles tombent, comme les illusions.
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La lumière dorée éclaire les zones d’ombre.
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La fin d’un cycle approche.
L’automne devient le miroir des âmes. Une métaphore visuelle forte, délicate, et profondément émotive.
🎥 Une réalisation en pleine maîtrise
Une mise en scène qui respire
Pas d’effets spectaculaires. François Ozon préfère la lenteur. L’observation. Le silence.
La caméra prend son temps. Elle filme les visages. Les mains. Les détails.
Elle capte l’essentiel : l’émotion intérieure.
C’est du cinéma de l’intime, du vrai. Sans bruit. Mais avec beaucoup de profondeur.
Une photo sublime
La lumière est un personnage à part entière. Chaque plan semble peint. Les couleurs de l’automne (or, rouille, brun) envahissent l’écran.
C’est beau, mélancolique, poétique. Et parfaitement en phase avec l’histoire.
Une bande-son discrète mais bouleversante
Quelques notes de piano. Des silences. Le craquement du bois. Le vent dans les feuilles.
Rien de trop. Juste ce qu’il faut pour accompagner les émotions.
Et leur laisser la place de s’exprimer.
🎭 Des acteurs au sommet de leur artHélène Vincent et Josiane Balasko : duo de haute voltige
Les deux comédiennes, déjà réunies dans Grâce à Dieu, livrent ici une partition d’une justesse folle.
Pas de surjeu. Pas d’effets. Juste de l’humanité brute.
On ressent tout. Même ce qui n’est pas dit.
Leur complicité à l’écran est réelle. Elle touche au cœur.
Ludivine Sagnier et les rôles secondaires
Ludivine Sagnier est impeccable dans le rôle de la fille, déstabilisée, en colère, perdue.
Et le jeune acteur qui joue Lucas est étonnamment juste. Son regard dit tout.
📈 Comment le film a-t-il été reçu ?
La critique presse : partagée mais globalement positive
Avec 36 critiques presse, Quand vient l’automne affiche une note de 3,5 / 5.
Les avis saluent souvent :
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Le talent de mise en scène d’Ozon
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L’émotion contenue
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La beauté visuelle du film
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La richesse des personnages féminins
Quelques reproches pointent un certain classique de forme, des symboles un peu forcés ou un rythme lent. Mais rien qui entache l’ensemble.
“Un film résilient sur le temps, la mémoire, et la solitude”, peut-on lire dans plusieurs chroniques.
Côté public : un accueil sincère et touché
Avec près de 4000 notes spectateurs et 443 critiques déposées, le film récolte une note de 3,6 / 5.
Les commentaires parlent d’émotion, de subtilité, de reflet familial.
Le bouche-à-oreille est bon, souvent enthousiaste.
Certains spectateurs avouent avoir été “bousculés”, d’autres “reconnaissants” qu’un tel film existe encore dans le paysage du cinéma français.
🏆 Une œuvre sensible, une vision forte
Avec Quand vient l’automne, François Ozon bouscule les clichés sur la vieillesse, les rôles féminins, et les secrets familiaux.
Il montre que, même passé un certain âge, la vie peut encore trembler, chavirer, se réinventer.
C’est un film sur la transmission, sur le poids du passé, sur ce qu’on choisit de dire… ou pas.
Et c’est aussi une ode à ces femmes fortes, silencieuses, qui portent leur famille sans toujours être comprises.
En résumé : un film à voir, à ressentir… et à garder en soi
Quand vient l’automne n’est pas là pour divertir à tout prix.
Il vient nous chercher. Doucement. Profondément.
Il parle de nous. De nos mères. De nos grands-mères. De ce qu’on cache, de ce qu’on transmet.
Et il le fait avec élégance, émotion, et sincérité.
Ce n’est pas un film bruyant.
Mais c’est un film important.