Le titre laissait espérer un frisson. Une renaissance. Une seconde chance pour les fans de grands frissons à griffes. Mais dès les premières minutes, un doute s’installe. Et si cette “renaissance” ressemblait plutôt à une fin déguisée ?
Bienvenue dans un Jurassic où les rugissements peinent à réveiller les salles.
Une mission ADN sur une île perdue… et nos attentes aussi
Avant de parler dinos, mutants ou Scarlett Johansson, replantons le décor. On est censé plonger dans une aventure épique : un magnat de la pharma, une mercenaire badass et un paléontologue passionné s’envolent vers une île interdite. Objectif ? Récupérer de l’ADN de dinosaures pour sauver des vies humaines. Rien que ça !
Mais… surprise ! Ce cocktail explosif d’action et de science-fiction dérape vite. L’île mystérieuse n’a rien d’envoûtant. Et le scénario, lui, fait du surplace, comme un vieux jeep enlisé dans la boue de Jurassic Park III.
Retour aux sources ? Un plan qui sonnait bien… sur le papier
L’idée, sur le papier, était séduisante. Gareth Edwards – le réalisateur de Rogue One – voulait renouer avec l’esprit des débuts. Moins de grand spectacle, plus de tension. Moins de gadgets, plus de mystère. Une approche “spielbergienne” comme on l’aime.
Mais voilà : le charme n’opère pas. La magie des premiers pas dans Jurassic Park ? Disparue. Ce frisson qu’on avait en voyant le premier Brachiosaure lever la tête ? Remplacé par des hybrides mutants à mi-chemin entre Alien et Godzilla.
On ne regarde plus des dinosaures. On regarde des Mutadons. Des D-Rex. Des chimères de laboratoire qui grognent comme des créatures de jeu vidéo. Résultat ? Le cœur ne suit plus.
Des mutants à la pelle, mais où sont les dinos qu’on aimait ?
C’est un peu le comble, non ? Aller voir un Jurassic World et passer plus de temps avec des monstres mutants qu’avec des Vélociraptors. On a l’impression qu’InGen, la fameuse entreprise génétique, s’est lancée dans un concours de “Qui créera la créature la plus invraisemblable ?”
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Le D-Rex ? Un T-Rex avec six membres, une peau d’acier et des yeux… qui pleurent. Littéralement.
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Les Mutadons ? Des Raptors boostés à l’adrénaline, capables de grimper aux murs comme Spider-Man.
On ne sait plus si on est dans un Jurassic ou dans un reboot de Resident Evil. Et franchement, on commence à se languir des bons vieux triceratops.
Le casting de rêve… ou l’illusion d’un casting de rêve
Quand les affiches ont annoncé Scarlett Johansson, Jonathan Bailey et Mahershala Ali, on s’est frotté les mains. Une dream team comme ça, c’est prometteur ! Mais attention spoiler : ils sont à peine là.
Où est passée Scarlett ?
On pensait retrouver la Scarlett intrépide de Black Widow. Celle qui saute, court, cogne et nous cloue sur place. Mais dans Rebirth, elle disparaît pendant de longues séquences. À tel point qu’on se demande si elle n’a pas tourné ses scènes entre deux cafés.
Pas de scène marquante. Pas de punchlines. Pas de frissons. Juste une silhouette, lointaine, presque floue.
Jonathan Bailey, le vrai rayon de soleil
Lui, au moins, s’en sort. Il joue un paléontologue un peu maladroit, mi-Ian Malcolm, mi-Alan Grant. Et ça marche ! Son humour décalé, ses répliques un peu old school, ses lunettes qui ne tombent jamais (même en courant face à un T-Rex)… on adore.
Mais même lui ne peut pas sauver le film. Il arrive, il illumine une scène, et hop, rideau. Il retourne dans l’ombre, englouti par un scénario qui préfère s’attarder sur…
… une famille paumée qui sort de nulle part
C’est la grande surprise – ou le grand mystère – de Rebirth. Pourquoi avoir donné autant de temps d’écran à une famille de naufragés qu’on n’attendait pas du tout ?
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Reuben, le père protecteur.
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Tessa, l’ado rebelle.
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Isabella, la petite sœur.
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Et Xavier, le copain fumeur de joints qui philosophe entre deux scènes de panique.
On les voit plus souvent que Scarlett Johansson. Plus souvent que Mahershala Ali. Et plus longtemps que les dinos. Alors oui, ils ne sont pas désagréables. Mais… ce n’est pas pour eux qu’on est venus.
Cette famille semble parachutée là, comme une sous-intrigue échappée d’un autre film. Et ça, c’est un vrai faux pas.
Un rythme mou, des scènes d’action tièdes et des adieux sans larmes
Tu te souviens de la scène de la cuisine dans Jurassic Park ? La tension. Le silence. Les Raptors qui approchent… Ici, rien de tout ça.
Les scènes d’action sont :
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Prévisibles.
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Trop courtes.
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Mal découpées.
Et surtout, elles manquent d’âme. Quand un personnage meurt, on n’a pas le cœur serré. On soupire. On coche une case. Même les “massacres de dinosaures” sont montés comme des vidéos YouTube en accéléré.
Rupert Friend en méchant… juste pour être mangé ?
Chaque saga a besoin de son grand méchant. Un vrai. Un qui nous donne envie de serrer les poings. Ici, on a Rupert Friend dans le rôle du PDG cupide. Et c’est tout. Pas de charisme. Pas de plan machiavélique. Juste un costume trop propre et une obsession pour l’ADN.
Il semble là uniquement pour qu’on ait quelqu’un à détester… et à voir se faire croquer. Pratique. Mais pas très inspiré.
Un film qui a perdu son frisson… et son format
Un détail qui ne trompe pas : Rebirth n’est même pas diffusé en IMAX. Universal a préféré garder les écrans premium pour F1… en attendant Superman.
Traduction ? Le studio n’y croyait pas vraiment.
Et on comprend pourquoi. Même le style visuel est plat. Pas de plans vertigineux. Pas de compositions qui coupent le souffle. Juste une lumière terne et des scènes de jungle recyclées. Gareth Edwards, qui nous avait fait rêver avec The Creator, semble ici en pilotage automatique.
Un goût de redite… mais sans la nostalgie
Il y a toujours eu une part de nostalgie dans Jurassic. Des plans, des musiques, des clins d’œil. Ici, tout est recyclé sans amour. Même les scènes de poursuite rappellent Jurassic Park III, mais en version ralentie.
Tu vois venir le dino, tu vois le perso courir… tu sais comment ça va finir. Il n’y a plus de surprise. Plus de frisson. Juste une routine.
Comme si les dinos eux-mêmes s’étaient lassés.
Et maintenant, on fait quoi ? On laisse les dinos se reposer ?
C’est la vraie question. Faut-il continuer ? Ou laisser cette franchise prendre un peu de repos ? Laisser les T-Rex retrouver leur île. Laisser nos souvenirs intacts.
Parce que là, à force de vouloir toujours redonner vie à ces créatures, on finit par les éteindre pour de bon. Et ce Rebirth ressemble davantage à un dernier souffle.
Ce qu’on aurait aimé voir (et qu’on n’a pas eu)
Juste pour rêver un peu, voilà ce qu’on aurait aimé voir dans Jurassic World : Rebirth :
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Un duo explosif entre Scarlett Johansson et Mahershala Ali.
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Des dinosaures qu’on aime vraiment, pas des créatures de foire.
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Un vrai suspense, pas des poursuites copiées-collées.
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Une musique qui fait vibrer, pas une nappe sonore d’ascenseur.
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Des morts qui nous touchent, pas des disparitions mécaniques.
Mais bon. Peut-être qu’un jour, un réalisateur osera vraiment revenir à l’essentiel. Pas avec des mutants. Pas avec des gadgets. Juste avec le vertige de se retrouver face à une créature du passé… qui respire.