🏁 F1 : Brad Pitt au volant… mais est-ce qu’on décolle vraiment ?
On l’attendait au tournant. Brad Pitt, casque vissé sur la tête, lunettes miroir et regard fatigué. Plus pilote que star. Moins golden boy que vétéran cabossé. Dans « F1 », il fonce pied au plancher dans un rôle taillé sur mesure : celui d’un homme qui revient… mais qui doute. Et si ce retour sur la piste, c’était aussi le reflet de son come-back personnel ?
Derrière les moteurs qui vrombissent et les virages serrés, c’est tout un sous-texte qui émerge. Celui d’une célébrité qui s’interroge sur sa place dans le paysage. D’un Hollywood qui cherche du neuf mais recycle les anciens. Et d’un film qui roule vite, mais qui parfois oublie d’émouvoir.
🔧 Avant la course : une star sous pression
Une image abîmée, une carrière à relancer
Ces dernières années, Brad Pitt a eu chaud aux roues. Pas à cause des plateaux de tournage, mais plutôt des couvertures de tabloïds. Entre son divorce ultra-médiatisé et les accusations qui en ont découlé, l’image du “gendre idéal” s’est quelque peu froissée. Plus de glamour en première page, mais des tensions, des procès, et beaucoup de silence gêné.
Et côté cinéma ? Des rôles marquants, certes, dans Babylon ou Wolfs, mais toujours teintés d’un parfum de nostalgie. Des personnages qui sentent la fin de parcours, les derniers tours de piste.
F1 : un miroir sous stéroïdes
Alors forcément, « F1 » a des airs de thérapie filmée. Pitt y joue Sonny Hayes, ex-pilote de légende tombé dans l’oubli, qu’on vient chercher pour un baroud d’honneur. Une dernière ligne droite, une ultime occasion de briller. Difficile de ne pas y voir un écho direct à son propre parcours.
Et là, sous le casque, ce n’est pas que le moteur qui chauffe… c’est aussi l’ego, les regrets et l’envie d’exister encore dans le grand cirque hollywoodien.
🏎️ De quoi ça parle, au juste ?
Une écurie au fond du trou
L’équipe APXGP n’a pas marqué un seul point depuis le début de la saison. Et on comprend vite pourquoi : leurs bolides sont des savonnettes, et le jeune pilote vedette, Joshua Pearce, a plus d’abonnés que de podiums. Son ego est plus rapide que ses réflexes. Il fonce pour sa carrière, pas pour son équipe.
C’est là que débarque Sonny. Appelé par Ruben Cervantes, un vieil ami rival (Javier Bardem au brushing électrique), il accepte de remonter dans une voiture. Mission : sauver l’écurie, recadrer Joshua, et accessoirement… redonner un peu de sens à sa propre vie.
Un trio qui va secouer la grille
On a donc :
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Sonny, le vétéran cabossé, mais encore lucide
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Joshua, le jeune talent aussi insolent qu’inexpérimenté
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Kate, la cheffe technique malmenée, mais brillante (jouée par Kerry Condon)
Et autour, tout un monde de courses, de sponsors nerveux, de deals foireux et de rivalités sous tension. Sur le papier ? Ça sent bon la comédie d’action carburée à l’émotion.
Mais sur l’écran ? Pas toujours.
🎥 Du grand spectacle, mais peu de cœur
Une intro qui claque
Le film démarre fort. Très fort. Une séquence de 24 heures de Daytona sous acide, Brad Pitt dans sa camionnette, sandwich à la main, plongeon dans l’eau glacée, et « Whole Lotta Love » en fond sonore. C’est nerveux, grisant, bourré d’adrénaline.
On se dit : “OK, on tient notre Top Gun sur roues”.
Et après ? Ça cale un peu
Très vite, le film fonce… mais ne regarde plus dans le rétro. L’appel de Ruben, l’essai sur piste, la course ratée… tout s’enchaîne à vitesse grand V. On n’a pas le temps de respirer. Ni de s’attacher. Les virages sont visibles à dix kilomètres. Pas de surprise, pas de frisson.
Oui, ça roule vite, ça tourne sec, mais ça manque de chaleur humaine. On admire la machine, mais on peine à s’embarquer.
🧑🤝🧑 Vétéran vs Jeune Loup : duel ou transmission ?
Un duo Brad Pitt / Damson Idris qui intrigue
Dans ce film, la relation entre Sonny et Joshua est centrale. Et elle sent un peu le déjà-vu : le vieux sage vs le jeune arrogant. Mais ce cliché est légèrement adouci par le jeu tout en finesse des deux acteurs.
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Pitt campe un mentor qui doute.
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Idris (excellent) fait monter la tension… sans jamais forcer.
Ils se défient, s’énervent, s’écoutent. Leur dynamique est puissante, mais jamais simpliste.
Une rivalité… ou une passation ?
Là où le film aurait pu briller, c’est dans la transmission de relais. Mais non. Sonny reste le héros. Joshua reste sur le banc. Et même quand le jeune explose sur la piste, le récit revient toujours vers le vétéran. Une impression étrange. Comme si le film avait peur de laisser la place. Comme si le vieux monde refusait de tendre la main.
🎬 Brad Pitt : star au ralenti ou pilote de l’émotion ?
Pas un Tom Cruise… mais pas besoin
Il faut le dire : Pitt n’a pas la précision spectaculaire de Tom Cruise dans Top Gun: Maverick. Il n’a pas cette capacité à fusionner personnage et image publique avec autant de brio. Mais il n’essaie pas non plus.
Il joue un mec fatigué. Un homme qui doute. Un pilote qui veut juste retrouver ce frisson d’avant. Et même si le film ne lui donne pas toujours la profondeur nécessaire, Pitt s’en sort avec panache.
Un symbole de l’ancienne école
Sonny, c’est un peu le fantôme d’un cinéma d’avant. Celui sans réseaux sociaux. Celui où la notoriété ne se mesurait pas en likes, mais en performances. Quand il dit à Joshua d’oublier les followers pour se concentrer sur la piste, c’est aussi Brad qui parle à son époque.
Et c’est beau. Un peu triste, aussi.
🎶 Musique, montage, caméra : ça décoiffe
Hans Zimmer au top de sa forme
La BO claque. Zimmer dégaine des morceaux puissants, secs, rythmés. Chaque virage est ponctué d’une poussée sonore. On sent le moteur vibrer jusque dans les sièges.
Un montage qui pulse, une image qui fonce
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Stephen Mirrione (monteur d’Ocean’s Eleven) donne au film un tempo de clip sans être épuisant.
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Claudio Miranda (chef op’ d’Oblivion, Life of Pi) nous colle dans le cockpit.
Résultat : on vit la course de l’intérieur. C’est fluide, immersif, souvent grisant. Et parfois, c’est tout ce qu’on demande.
🧃 Et le reste ? Un peu trop propre
Une romance qui frôle la case vide
Il y a bien une tension amoureuse entre Sonny et Kate. Quelques regards. Un flirt timide. Mais rien de charnel. Rien de piquant. Une romance à l’eau minérale, qui laisse sur sa faim. On sent qu’ils auraient pu faire des étincelles… mais le film reste sage. Trop sage.
Une équipe secondaire sympa mais pas mémorable
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Bardem cabotine gentiment.
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Kerry Condon sauve un personnage écrit à la va-vite.
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Tobias Menzies fait le job du méchant antipathique.
Mais aucun ne sort vraiment du lot. On est loin des seconds rôles flamboyants de Ford v Ferrari ou Rush.
🛣️ Le film court, mais vers quoi exactement ?
Un final sans héritier
Si F1 voulait être le relais entre générations, c’est loupé. Joshua ne prend pas vraiment le relais. Il apprend. Il s’adoucit. Mais il ne devient jamais le cœur du film.
Sonny garde le volant, jusqu’à la fin. Et cette fin, d’ailleurs, rappelle plus The Defiant Ones que Jours de Tonnerre. Une fin où l’homme blanc reste le héros… pendant que le jeune talent noir reste à l’arrière-plan.
Une stratégie de course floue
Difficile de comprendre la logique de course. Quelle est la stratégie de Sonny ? Pourquoi ça fonctionne soudain ? Mystère. Le film ne s’embarrasse pas trop de cohérence sportive. Il préfère foncer, quitte à perdre un peu le spectateur en route.
🎯 En résumé ? Un film qui pulse… mais qui ne marque pas la pole
F1 c’est un peu comme une course bien lancée, qui patine sur la durée. C’est musclé, beau à voir, avec des séquences qui décoiffent. Mais au fond, ça manque d’âme.
Brad Pitt livre une performance honnête. Le film tente de dire des choses sur la célébrité, l’âge, la relève. Mais sans vraiment creuser. Sans oser.
Un tour de piste plaisant, oui. Mais pas de tour d’honneur.