Vous vous souvenez de ce frisson, ce souffle court devant 28 jours plus tard ? La ville vide, les zombies rapides comme des sprinteurs fous, et cette ambiance poisseuse qui collait à la peau ? Eh bien, 28 semaines plus tard, c’est un peu comme retrouver un vieux pote… qui a mal tourné.
Fiche technique express avant le carnage
- Titre original : 28 Weeks Later
- Durée : 1h40
- Sortie en salle : 19 septembre 2007
- Réalisateur : Juan Carlos Fresnadillo
- Scénaristes : Rowan Joffe, Juan Carlos Fresnadillo
- Avec : Robert Carlyle, Rose Byrne, Harold Perrineau
- Interdit aux moins de 12 ans
Six mois après qu’un virus a ravagé l’Angleterre, les États-Unis reprennent les choses en main. L’infection semble éradiquée, le pays est en reconstruction, et l’armée veille. Mais quand Don retrouve ses enfants et leur apprend la mort de leur mère… un terrible secret refait surface. Et avec lui, le chaos.
Une ouverture qui vous cloue au fauteuil
On commence fort. Vraiment fort. Don et Alice, couple terrifié, barricadé dans une maison au milieu d’une campagne anglaise verdoyante, mais infestée d’Infectés. En quelques minutes, le décor est planté : pas de pitié, pas de pause. Et ce choix terrible : fuir ou sauver sa femme. Don court. Alice reste. Boum, générique.
Un début tendu comme un string sur un trampoline. On s’attache, on frémit, on espère. Puis… le virage.
Et puis le film change de visage (et d’âme)
Vingt-huit semaines ont passé. Londres est une ville zombie… nettoyée. Ou presque. Les Américains ont débarqué. Pas pour les fish and chips, non. Pour contrôler une zone sécurisée, l’Île aux Chiens, où les rares survivants (et leurs ados revenus de France) tentent de reprendre une vie normale.
Mais le ver est dans le fruit. Littéralement. Les enfants, Andy et Tammy, désobéissent, s’échappent et retrouvent leur mère (oui, Alice a survécu !). Sauf qu’elle est porteuse saine du virus. Oups. Un baiser, un transfert de salive, et c’est reparti pour un tour.
Don, le père devenu ogre
Robert Carlyle, intense comme un shot d’expresso serré, incarne Don. D’abord survivant rongé par la culpabilité. Puis… monstre. Infecté. Et pas n’importe lequel. Un Infecté avec une mémoire. Assoiffé, oui, mais pas que. Il poursuit ses enfants, comme un cauchemar sorti tout droit de l’inconscient d’un psy débordé.
Une idée brillante, mais mal exploitée. On aurait aimé le voir lutter, hésiter, se battre contre ce qu’il devient. Mais non. Il surgit, tue, disparaît. On ne comprend pas trop pourquoi il est là. Ni comment. Ni s’il souffre encore d’être humain.
Les ados font des bêtises (mais ils évoluent, un peu)
Tammy et Andy, les deux gosses, sont le genre de personnages qui font soupirer. Du genre : « Non mais sérieusement, pourquoi t’as ouvert cette porte ? » Ils sont jeunes, désobéissants, casse-pieds.
Et pourtant, petit à petit, on s’attache. Tammy, surtout. Elle finit par tuer son père. Froidement. Le regard embué. Un geste fort. Et soudain, elle existe. Trop tard ? Peut-être. Mais le potentiel est là.
Scarlett et Doyle : les archétypes qui marchent à moitié
Dans la galerie des seconds rôles, on retrouve Scarlett (Rose Byrne), médecin militaire au cœur tendre, et Doyle (Jeremy Renner), sniper au grand cœur. Elle veut sauver les enfants. Lui désobéit pour les aider.
C’est noble. Mais c’est vu, revu, réchauffé. Des personnages utiles, mais jamais surprenants. On coche les cases sans frisson.
Une caméra qui tremble… et ça marche !
Certains ont râlé : « Trop de shaky-cam ! » Mais soyons justes : cette caméra qui tangue, qui halète, qui ne tient pas en place… c’est efficace. Ça colle à la peur. À l’urgence. On est dans l’action, on y croit. Comme si un journaliste de guerre filmait avec les mains qui tremblent.
Londres, personnage à part entière
Le vrai coup de génie ? Londres. Ses rues vides, ses ponts déserts, ses immeubles vides comme des carcasses. Le film est sublime. La lumière rasante, les décors post-apocalyptiques, la beauté froide de cette capitale vidée de sa vie… ça claque.
Chaque plan respire la fin du monde. On aurait presque envie de s’y promener, en combinaison hazmat, juste pour voir.
Trop de bruit, pas assez d’âme
Mais malgré ses qualités visuelles, le film s’éparpille. Trop de personnages. Trop d’explosions. Trop de tout. Et pas assez de cœur. Là où 28 jours plus tard prenait le temps de faire exister ses héros, ici, on court, on tire, on hurle.
Et au bout d’un moment, on décroche.
Une fin qui appelle une suite (ou pas)
La dernière scène laisse la porte grande ouverte. Paris. Les infectés. Une suite ? Un spin-off ? Une version comique ? Tout est possible. Et c’est peut-être le problème : on sent la franchise avant l’envie.
En résumé (mais sans conclure)
28 semaines plus tard avait tout pour briller : un début choc, une ambiance visuelle envoûtante, un méchant tragique. Mais il se perd dans le vacarme, dans les facilités, dans les stéréotypes.
C’est un sprint sanglant, oui. Mais sans souffle. Et le cœur, lui, reste coincé quelque part… 28 jours plus tôt.